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Marie-Olympe de Gouges

S’installe à Paris

Abandonnant son fils, de Gouges se rend à Paris en 1770 pour se faire connaître comme écrivain. Pour son nom de plume, elle choisit simplement Olympe de Gouges, une variation des noms de sa mère et de son père. Elle a activement cherché à réaliser son ambition, propageant les rumeurs de sa naissance illégitime. Il a été suggéré qu’elle a commencé, ou du moins encouragé, les rumeurs parce qu’elle croyait qu’en liant sa lignée à un marquis, elle ferait son entrée dans les cercles sociaux supérieurs auxquels elle aspirait. En outre, elle croyait très probablement qu’un lien de sang avec le marquis Lefranc de Pompignan, qui était un auteur bien connu, l’aiderait à établir sa propre réputation d’écrivain. La rumeur a gagné de l’argent de son vivant même si aucune preuve de sa vérité n’existait.

Au cours de cette période, elle a poursuivi sa carrière en rencontrant et en établissant des liens avec les écrivains et philosophes les plus célèbres de l’époque, et elle s’est frayée un chemin dans les cercles sociaux les plus élevés. Demeurant résolue dans son désir de ne plus jamais se marier, elle serait devenue la maîtresse de plusieurs hommes de haut rang social et elle se partagerait entre ses nombreux amants et son écriture. Autodidacte, de Gouges écrit des pièces de théâtre, des romans et des pamphlets sociopolitiques. Ses œuvres dramatiques incluent Le Mariage inattendu de Chérubin et Zamore et Mirza ou l’Heureux naufrage.

Sa carrière de dramaturge s’est avérée quelque peu décevante, car elle n’a abouti qu’à un succès modeste. Elle était peu instruite, savait à peine lire pendant une bonne partie de sa vie, et sa grammaire et sa ponctuation étaient terribles. En conséquence, son écriture avait tendance à être laborieuse, verbeuse et maladroite. Cependant, très affectée par l’actualité, elle entrera bientôt dans la phase de sa carrière qui s’avérera la plus productive et la plus significative sur le plan thématique. Elle a commencé à produire des œuvres politiques qui ont contribué à influencer le cours des droits de l’homme, en particulier pour les femmes. Paris, à la fin des années 1780, était un point focal politique. La France était un pays en pleine tourmente et au bord d’une révolution influente et inspirante, bien que sanglante, qui attirerait l’attention du monde entier. De Gouges fut emporté par la ferveur du temps.

Bien que la plupart de ses concitoyens aient été d’une exubérance politique, voire fanatiquement révolutionnaire, de Gouges a d’abord adopté une position modérée. Les réformes qu’elle a suggérées dans ses documents politiques visaient à apporter des changements sans sacrifier la stabilité sociale. En effet, de Gouges avait des amis dans la royauté française qui était sur le point d’être renversée, mais ses œuvres tentaient souvent de dépeindre négativement les extrémistes des deux côtés de l’échiquier politique: les royalistes, ou monarchistes, et les révolutionnaires. Alors que les tempêtes de la révolution tournoyaient, de Gouges se considérait toujours comme une royaliste. Sa pièce de 1788 Droits de la femme articulait des idéaux révolutionnaires avancés tout en exprimant ses sympathies pour la monarchie française. Toujours en 1788, elle publie ses Remarques patriotiques, dans lesquelles elle présente un vaste programme de réformes sociales et plaide pour le démantèlement du gouvernement monarchique. Le document décrivait également les abus de la classe sociale d’élite. Une de ses œuvres était une satire politique, Projet d’un Cas Patriotique Par Citoyenne, impliquant un « impôt volontaire. »

Mais de Gouges serait désillusionnée par l’inaction de la monarchie française, et elle encouragerait le roi de France Louis XVI à abdiquer son trône et à mettre à sa place un gouvernement régent. Elle a estimé que ce serait une solution viable à une crise sans cesse croissante. Les citoyens s’étaient armés, la Bastille avait été prise d’assaut et le sang coulait littéralement dans les rues. De Gouges restera royaliste jusqu’à ce que Louis XVI s’échappe du pays, ce qui accroît encore le chaos croissant. À partir de ce moment, son matériel politique devient plus pointu et elle se range plus fortement du côté des révolutionnaires.

En 1789, après la fuite de Louis XVI, elle produit deux autres satires, Cri de Sage par une Femme et Pour Sauver la Patrie.