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Les Épîtres de Pierre

LES ÉPÎTRES DE PIERRE

L’apôtre Pierre était le fils de Jonas ou de Jean, deux versions différentes du même nom. Peter n’était cependant pas son nom d’origine. Il était d’abord Siméon, ou Simon, ce qui est la même chose; et le nom de Pierre lui a été donné par le Christ par anticipation. Le Sauveur lui dit : « Tu t’appelleras Pierre »; mais avec une indication qu’il n’a pas encore l’esprit qui ferait de cette désignation une vraie; et ce n’est que deux ans après, au moins, que Jésus lui dit: « Tu es Pierre, et sur ce rocher je bâtirai mon église. »

Pierre était un pêcheur de Bethsaïde: c’est-à-dire que Bethsaïde était son lieu natal, mais au moment où il a été choisi par le Christ, il semble avoir appartenu à la ville de Capharnaüm. Là, pendant la plus grande partie du récit évangélique, il avait sa maison; et, comme les fils de Zébédée, il pratiquait le commerce de la pêche pour gagner sa vie.

Pierre semble avoir été amené au Christ en premier par André, son frère. Le premier appel du Christ a été sur les rives du Jourdain, où Pierre et André, Jacques et Jean semblent être allés, au milieu de la foule qui se pressait vers Jean-Baptiste, pour se faire baptiser. Après un léger séjour avec le Christ, et ayant fait connaissance avec lui, Pierre, avec son frère et avec Jacques et Jean, semble être retourné à son métier une fois de plus et l’avoir poursuivi jusqu’à ce que Jésus les rencontre au bord du lac de Galilée, les appelle à être ses compagnons permanents et les investit des responsabilités d’apqstleship.

À partir de ce moment-là, vous trouvez Pierre continuellement avec Jésus. Il devient l’un des compagnons les plus intimes de notre Seigneur. Il est l’un de ces disciples choisis qui constituaient le cercle le plus intime du nombre apostolique. Il est avec le Sauveur quand Jésus ressuscite d’entre les morts la fille de Jaïre. Il est avec Jésus sur la Montagne de la Transfiguration, et voit sa gloire; il est avec Christ dans le Jardin de Gethsémani, quand le Sauveur prononce cette prière mémorable et transpire ces gouttes de sang. Jésus appelle Pierre à lui-même, parce qu’il y a quelque chose en Pierre qui lui convient pour le leadership. J’imagine que chacun des disciples avait son don particulier et ses qualifications pour le service. Judas, par exemple, était un administrateur pratique. Judas aurait fait un excellent manipulateur et gestionnaire. Il était trésorier, parce qu’il y avait certains cadeaux d’affaires qui lui appartenaient, plus qu’ils n’appartenaient à aucun autre des disciples. Il a eu sa chance. Il a eu la chance d’utiliser les dons qu’il avait pour le service du Seigneur.

. Et Pierre avait surtout une ouverture et une réceptivité de cœur, une affection ardente et un pouvoir de reconnaissance du Christ dans sa mission personnelle et divine, puis une activité zélée et enthousiaste, qui le destinait, à certains égards, à être le chef des apôtres. Et pourtant. cette affection ardente, cette perspicacité dans la personne et l’œuvre réelles du Christ, cette activité enthousiaste, s’accompagnaient d’une témérité et d’un excès de confiance qui conduisirent Pierre à sa triple chute et à sa triple reniement de son Maître, et furent suivis de la repentance la plus amère que Jésus regarda sur Pierre après ce déni, et ce regard brisa le cœur de Pierre. Il sortit et pleura amèrement. Il s’est repenti. Mais il avait besoin d’une assurance particulière de l’amour pardonneur de Jésus. Après que Jésus fut ressuscité d’entre les morts, il y eut quelque chose de très touchant dans ses paroles aux femmes :  » Va le dire à Pierre. » C’était un message spécial à Pierre pour que son cœur soit réconforté par l’assurance de l’amour pardonneur du Christ. N’y a-t-il pas quelque chose de très beau en cela, que ce reniant Pierre soit fait le porte-parole du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte? Avons-nous déjà pensé que nos péchés nous empêcheraient à jamais d’être au service de la cause du Christ? Rappelons-nous que c’était ce refus de Pierre qui a été fait par le Christ le moyen d’amener trois mille personnes à la connaissance de la vérité et d’être le premier communicateur de l’évangile à ses compatriotes juifs. Et il n’est pas seulement vrai que Pierre devient le premier prédicateur des Juifs, mais il devient aussi le premier prédicateur des Gentils ; car je suppose que c’est le sens de la promesse faite à Pierre que les clés du royaume des cieux lui seront données. Christ lui a donné les clés en ce sens, qu’il a été le premier à ouvrir la porte du royaume aux Juifs, et il a été le premier aussi à ouvrir la porte du royaume aux Gentils. Il y avait deux grandes portes à ouvrir; Pierre ouvrit la première grande porte quand, à la Pentecôte, il proclama le salut par le crucifié aux Juifs qui avaient mis à mort le Sauveur ; il ouvrit la deuxième grande porte quand, se rendant à Corneille à Césarée, il proclama l’évangile du Christ aux païens et ouvrit la porte du salut aux Païens. Dans un certain sens, ce reniement de Pierre a reçu la première place dans le royaume de Dieu ; c’est sur Pierre que le Christ a construit son église. « Tu es Pierre; sur ce rocher, je bâtirai mon église. » Le mot « Pierre  » signifiait « rocher. »

Mais ce n’est pas sur Pierre, en tant que personne seule, que l’Église est fondée, comme l’imagine l’Église catholique romaine; c’est sur Pierre en tant que confesseur du Christ. C’est sur Pierre, comme il a Christ en lui. Pierre peut devenir un rocher sur lequel l’église est construite, seulement comme il ne fait qu’un avec le Christ, la grande pierre angulaire. Pierre peut être le moyen d’amener les autres dans le royaume de Dieu, seulement comme il est un vrai confesseur de Jésus-Christ et un annonciateur de son évangile.

L’Église catholique se trompe beaucoup lorsqu’elle pense qu’il y a une sorte de succession apostolique et que, de manière extérieure, à travers les personnes, la grâce de Dieu peut être communiquée. Non, ce n’est pas d’une manière extérieure, ou par un moyen extérieur, que le salut revient à l’homme. C’est par Pierre en tant que confesseur. C’est par Pierre qu’il a le Christ en lui ; et, par conséquent, quiconque est confesseur du Christ et est uni au Christ a le privilège d’en faire venir d’autres aussi, et sur chaque vrai confesseur du Christ, l’Église est construite. Les protestants ont parfois erré en pensant qu’il s’agissait simplement de la confession sur laquelle l’Église est construite; comme si un seul credo extérieur pouvait être le moyen d’amener les hommes au royaume de Dieu. Ce n’est pas plus vrai que la doctrine catholique romaine. Vous devez avoir la personne et sa confession. Tu dois avoir Peter plus la vérité. La vérité seule, en tant que chose abstraite, n’amènera pas les hommes à Dieu; mais la personne plus la vérité amène les hommes à Dieu. Le « rocher » est donc à la fois confession et cœur. C’est la personnalité plus la vérité.

Ainsi Pierre devient le moyen de faire venir à la fois les Juifs et les Gentils. Au Concile apostolique, lorsque Paul vient raconter ce que Dieu a fait pour les Gentils, Pierre est l’un des premiers à acquiescer à la décision prononcée par Jacques et à sanctionner cette ouverture de la porte aux Gentils sans qu’ils deviennent Juifs. Par la suite, Pierre fut infidèle en privé et individuellement à cette position qu’il prit; car, à Antioche, il refusa de s’associer à certains chrétiens gentils, afin de satisfaire ceux qui avaient des préjugés en faveur de la doctrine juive; mais il a été réprimandé par Paul; et nous ne trouvons pas que cette erreur de sa part ait continué du tout; en fait, nous ne trouvons pas qu’il l’ait jamais prêchée. Il s’agissait simplement d’un exemple d’infidélité dans sa conduite privée à la vérité qu’il avait proclamée publiquement.

Après avoir ouvert la porte du royaume tant aux Juifs qu’aux Gentils, par les clés de foi et de confession que le Christ lui avait confiées, Pierre semble avoir moins d’importance dans l’histoire apostolique. Pourquoi? Parce qu’il devait y avoir une transition des Juifs aux Gentils. Paul était l’apôtre des Gentils par excellence; et, bien que nous trouvions Pierre le plus important au début des Actes, dans la dernière partie des Actes, nous constatons que Paul occupe la majeure partie de la pièce et attire à lui la plus grande partie de l’attention.

La tradition raconte que Pierre est allé en Orient, qu’il a prêché aux Juifs de Babylone. En fait, cette Première Épître se déclare avoir été écrite de Babylone, et Babylone, je suppose, n’était pas un nom mythique pour Rome, comme certains l’ont supposé. Il n’a jamais supposé cette signification mythique avant que Jean n’ait écrit son Apocalypse. Au moment où cette Épître a été écrite, nous n’avons aucune raison de croire que le mot « Babylone » était utilisé pour Rome. Dans une Épître comme celle-ci, en prose simple, nous ne devrions guère nous attendre à ce que le mot Babylone soit utilisé dans ce sens figuratif, rhé-*torique et poétique.

Il y avait une très grande colonie de Juifs à Babylone : et Pierre semble avoir gravité vers l’Est de l’Empire romain, comme Paul gravitait vers l’Ouest. Comme la plus grande partie des Juifs était en Orient plutôt qu’en Occident, l’apôtre des Juifs semble y avoir eu la sphère choisie de son activité, tandis que Paul, l’apôtre des Gentils, avait sa sphère choisie d’activité vers l’ouest, vers Rome, tendant toujours vers Rome, jusqu’à sa mort à Rome. Certains se demanderont: Est-ce donc tout à fait une chose mythique que Pierre ait été crucifié à Rome, qu’il ait été le fondateur de l’Église romaine, qu’il y ait souffert le martyre en se faisant crucifier la tête baissée? Eh bien, en ce qui concerne cela, les historiens de l’Église sont en désaccord à ce jour même. Il semble certainement que Pierre n’était pas à Rome au moment où Paul a écrit son Épître aux Romains. Il serait presque inexplicable qu’il n’y ait aucune mention de Pierre si Pierre avait fondé l’église romaine. Il serait impossible pour Paul d’avoir écrit l’Épître aux Romains sans mentionner Pierre, si Pierre était là ou avait été là. Nous n’avons aucune preuve dans toutes les Épîtres que Paul a écrites pendant son emprisonnement à Rome que Pierre était là à Rome ou qu’il y avait jamais prêché. Je pense donc que l’Épître aux Romains est, en soi, un argument fort contre les prétentions de la papauté, contre l’affirmation selon laquelle les évêques de Rome tiraient leur descendance apostolique directement de Pierre. On ne peut jamais prouver que Pierre était à Rome. Si jamais Pierre était à Rome, il me semble tout à fait probable qu’il était à Rome après que Paul ait souffert le martyre, et qu’il soit allé à Rome pour prendre la place de Paul et prêcher l’évangile après que Paul ait été enlevé. Mais je pense que nous devrons laisser la question en suspens. Avec la lumière que nous avons maintenant, cela ne peut pas être décidé. Tout ce que nous savons en ce qui concerne la Première Épître de Pierre, c’est qu’elle a été écrite de Babylone, l’extrême-orient de l’Empire romain.

À qui a été écrite la Première épître de Pierre ? Il semble avoir été écrit aux églises qui ont été fondées par Paul. Si vous remarquez l’adresse de la Première Épître, vous verrez qu’elle prétend provenir de Pierre, « apôtre de notre Seigneur Jésus-Christ, aux élus de la Dispersion. » Par la Dispersion, Pierre entendait le véritable Israël de Dieu, ces chrétiens dispersés à l’étranger. Après les conquêtes assyriennes et babyloniennes, les Juifs étaient dispersés parmi toutes les nations de la terre; ils avaient des synagogues dans toutes les grandes villes de l’Empire romain; et il y en avait une multitude dans toute l’Asie mineure. Comme les Juifs étaient dispersés à travers l’Empire romain et que les chrétiens constituaient le véritable Israël, ce mot « Dispersion » est venu s’appliquer aux chrétiens dispersés; et Pierre écrit son Épître aux « élus de la Dispersion », c’est-à-dire aux chrétiens qui étaient dispersés dans toute l’Asie. ) Mineur ; puis il procède à les mentionner dans l’ordre qui se produirait naturellement à celui qui vient de l’Est. Il commence, par exemple, par le Pont, qui était le plus à l’est; puis il mentionne la Galatie; puis la Cappadoce; et enfin, il mentionne les deux provinces les plus éloignées vers l’ouest, à savoir l’Asie, au sens étroit, et la Bithynie. Ainsi, dans l’ordre même des provinces, nous avons une nouvelle preuve que c’est de Babylone, et non de Rome, que l’Épître a été écrite. Mais toutes ces églises d’Asie mineure étaient des églises qui avaient directement ou indirectement dû leur fondation à l’apôtre Paul; et c’était une sorte de règle avec les apôtres de ne pas envahir la sphère des travaux des uns et des autres. Il n’y avait pas de lieu ou d’église où des épîtres lui avaient été écrites, à peu près au même moment, par deux des apôtres. Paul n’envahirait pas la sphère du travail d’un autre homme; il a construit sur ses propres fondations: et ainsi, Pierre n’envahirait pas la sphère du travail de Paul, si l’apôtre Paul était encore vivant.

Ces Épîtres de Pierre n’auraient donc pu être écrites qu’après la mort de l’apôtre Paul, ou du moins après que Paul se soit retiré de l’œuvre active. Peut-être cette Première Épître a-t-elle été écrite pendant le premier emprisonnement de Paul, alors qu’il ne pouvait pas fréquenter les églises; mais il est plus probable que la Première et la Deuxième Épître aient été écrites après la mort de Paul. Pierre a ensuite assumé la charge des églises pour lesquelles Paul avait pris soin; et ainsi, de la même manière, les Épîtres aux sept églises, que nous trouvons dans le livre de l’Apocalypse, n’ont été écrites qu’après que Paul eut souffert le martyre. Les Épîtres de Pierre, donc,

ont été écrites de l’Orient, après la mort de l’apôtre Paul; et comme l’apôtre Paul a souffert le martyre en l’an 64, 0* une partie de l’an 65, nous ne pouvons certainement pas mettre la date de la Première Épître de Pierre avant l’an 66. C’est aussi proche de la date des deux épîtres que de toute année que nous pouvons attribuer; et nous constatons que Pierre s’efforce  » d’aider et d’encourager ces Églises d’Asie Mineure, après que le grand chef, l’apôtre des Gentils, a été enlevé.

Il y a des indications que beaucoup de travail apostolique avait précédé l’écriture de Pierre, et ce travail que Pierre lui-même n’avait pas accompli. Il tient pour acquis que ces églises ont déjà un système complet de doctrine chrétienne. Il ne cherche pas à les endoctriner, mais suppose qu’ils connaissent déjà la vérité, et qu’ils n’ont besoin que d’avoir la vérité portée de manière vivante à leur souvenir. Les Églises auxquelles il écrit ne sont pas seulement en possession de ce système complet de doctrine, mais elles sont maintenant impliquées dans la persécution; pas apparemment la persécution par le pouvoir civil, mais la persécution d’une sorte sociale de leurs compatriotes juifs, et de païens envahissants et arrogants. Ils ont besoin d’être renforcés contre cette persécution de la part de ceux qui devraient les aider dans leur vie chrétienne. Ils ont également besoin d’instructions concernant leur conduite envers les païens qui les entourent, de peur que le mauvais exemple ne les tente à l’impureté de la vie. Et enfin, il y a parmi eux des tendances au jugement critique et censuré, et leurs pasteurs et dirigeants risquent quelque peu d’être infectés par l’ambition et de la dominer sur le peuple de Dieu. Ce sont les influences que Pierre, dans sa Première Épître, tente de contrecarrer.

Il y a quelque chose de frappant dans les Épîtres de Pierre quant au style et à la méthode d’adresse. Les épîtres de Pierre montrent de très fortes traces de l’influence de l’apôtre Paul. À cet égard également, nous avons une preuve que l’apôtre Pierre a écrit après l’apôtre Paul. Pierre était l’une de ces âmes au cœur ouvert qui reçoivent de chaque main. Il avait insensiblement repris beaucoup des idées de l’apôtre Paul, et non seulement les idées de Paul, mais certaines des méthodes d’expression de Paul. Pierre avait vu des écrits de l’apôtre Paul avant qu’il ne les écrive lui-même ; en fait, dans la Deuxième Épître, il dit des Épîtres de Paul qu’en elles « il y a beaucoup de choses difficiles à comprendre, que ceux qui sont instables arrachent à leur propre destruction, comme ils le font les autres Écritures. »

N’est-ce pas un signe de la noblesse de cet apôtre que, avec tout son prestige et son influence, il déclare son approbation et donne sa sanction aux écrits de l’apôtre Paul; qu’il les reconnaisse comme des Écritures comme l’Ancien Testament (car, quand il parle des « autres Écritures « , c’est l’Ancien Testament, incontestablement, dont il parle); qu’il leur attribue une autorité égale avec les écrits des prophètes, et qu’il dise que les choses en elles qui sont difficiles à comprendre sont dignes de tout respect, comme si elles étaient les mêmes paroles du Christ lui-même ? Comme il est dépourvu de jalousie, comme il est généreux, comme il est magnanime, comme il est plein d’esprit d’amour et de sacrifice de soi! Comme il a bien soumis tout sentiment privé à l’intérêt du Christ! Il y a quelque chose de très noble dans tout cela. Mais ce n’est pas surprenant. Paul, longtemps auparavant, avait mis la vérité chrétienne sous une forme correcte, et à cet égard était le plus grand des apôtres. Seul

Jacques avait précédé Paul, et l’Épître de Jacques n’avait pas la même monnaie que les écrits de l’apôtre Paul, étant destinée à un cercle restreint de Juifs, tandis que celle de Paul était envoyée à l’étranger dans toutes les églises des Gentils et se répandait rapidement dans le monde. Il n’est pas surprenant que Pierre ait dû être fortement influencé par la doctrine de Paul et par la méthode d’expression de Paul. Si vous prenez la Première Épître de Pierre et lisez l’ouverture de celle-ci, « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ », vous verrez qu’il y a quelque chose qui vous rappelle très vivement l’Épître de Paul aux Éphésiens. Pierre avait incontestablement entre ses mains les écrits de Paul; il les avait soigneusement étudiés et avait été influencé par eux. Dans la Première Épître de Pierre, nous trouvons Silvain, ou Silas, mentionné, et Marc aussi, deux des principaux assistants de Paul. Voici un lien de connexion entre Pierre et Paul. Nous pouvons retracer l’histoire de Silas et l’histoire de Marc jusqu’à la fin de la vie de Paul. Après le martyre de Paul, il semblerait que ses amis et compagnons se soient rendus en Orient auprès de l’apôtre Pierre; qu’ils aient apporté avec eux les lettres que Paul avait écrites aux différentes églises; que Pierre en ait fait un sujet d’étude; et que Pierre ait ensuite écrit aux églises qui étaient maintenant orphelines par la mort de l’apôtre, exprimé sa sanction de tout ce que Paul avait écrit, puis ajouté ses propres instructions pour leur état et leurs besoins actuels.

Lorsque nous arrivons à la Deuxième Épître de Pierre, nous constatons qu’elle est écrite pratiquement aux mêmes personnes ou communautés, car, dans le troisième chapitre et le premier verset, Pierre dit: « Je vous écris cette deuxième épître, frères. »Mais cette Deuxième Épître a un objet légèrement différent de la première. Les dangers et les difficultés contrecarrés dans le second sont internes, tandis que ceux du premier sont externes. Comme, dans la première, ce sont les païens avec lesquels le peuple de Dieu devait traiter et qui les persécutaient, ainsi, dans la Deuxième Épître, il semble que ce soient les faux enseignants au sein de l’Église. Les professeurs licencieux de religion et les moqueurs profanes semblent être dans le corps. Des problèmes étaient déjà apparus, et l’objet de la Deuxième Épître est de contrecarrer ces difficultés internes; tandis que l’objet de la Première Épître est de renforcer et de réconforter et d’encourager les Églises dans leur endurance aux persécutions de l’extérieur.

Cette Deuxième Épître de Pierre est l’Épître de tout le Nouveau Testament en ce qui concerne l’authenticité de laquelle il a été le plus contesté. Beaucoup de gens qui sont convaincus de l’authenticité et de l’authenticité de tous les autres livres du Nouveau Testament, déclarent qu’en ce qui concerne cette Deuxième Épître de Pierre, ils sont dans un grand doute; et il est bon pour nous de comprendre l’état exact du cas. Le fait semble être que ce n’est qu’en l’an 230, près de deux siècles après la mort du Sauveur, que nous avons une mention expresse de cette Deuxième Épître de Pierre. Cette première mention de l’Épître est d’Origène, le Père de l’Église, et il la mentionne d’une manière très particulière. Il dit: « Nous avons une Épître de Pierre qui est universellement acceptée; et, si vous voulez, une seconde, car cela est remis en question. »Bien qu’il mentionne la Deuxième Épître de Pierre comme existant, il dit qu’il est douteux qu’il s’agisse d’une œuvre authentique de l’apôtre. Ce n’est qu’en l’an 250 que nous avons le premier témoignage clair de la Deuxième Épître de Pierre, avec une acceptation de l’Épître; c’est par Firmilien, un évêque de Cappadoce. Les historiens de l’église le mentionnent parmi les Antilégomènes, les livres contre lesquels on parle. Jérôme, au quatrième siècle, a étudié les revendications de l’Épître et l’a admise à la Vulgate latine, tout en enregistrant les objections contre elle.

Ce n’est qu’en 372 que le Concile de Laodicée l’admit officiellement au canon. Mais c’était un concile tenu en Orient ; et ce n’est qu’en l’an 397, près de quatre cents ans après le Christ, que le Concile de Carthage, en Occident, l’admit officiellement au canon. L’histoire de cette Épître est manifestement très différente de celle de tout autre document du Nouveau Testament.

Comment expliquer tout ce retard étrange dans la circulation et l’acceptation dans l’Église chrétienne ? Tout cela est-il conforme à l’authenticité et à l’inspiration de l’Épître? Je pense que c’est le cas; et j’ose une explication, bien que mon explication ne puisse être qu’une hypothèse plausible. Ces Épîtres ont certainement été écrites très tard dans la vie de l’apôtre. Pierre devait être un homme un peu âgé en l’an 66, quand nous disons que l’Épître a probablement été écrite. Quel âge avait Pierre au moment de la mort du Sauveur ? Nous devrions penser, ne devrions-nous pas, que l’apôtre Pierre était plus âgé que notre Seigneur? Puis, en l’an 66, il avait trente-trois ans de plus que lorsque Jésus est mort. Il devait avoir soixante-six ans, s’il était né en même temps que Christ; mais s’il était plus âgé que Christ, alors il devait avoir, disons, soixante-seize ou peut-être quatre-vingts ans. Nous pensons qu’il est beaucoup plus âgé que l’apôtre Jean; et dans la Deuxième Épître, nous voyons les marques d’âge; il se rapproche de sa fin; il dit que l’heure de son départ est proche; il souhaite laisser son souvenir à l’Église et leur donner quelque chose qui les instruira, les réconfortera et les encouragera après son départ. Ce sont les mots d’un vieil homme. Ces deux épîtres semblent avoir été écrites dans la vieillesse de l’apôtre, et juste avant sa mort.

Et comment est-il mort ? La tradition dit qu’il a souffert le martyre. Ceci est une indication de persécution, et la persécution aurait été une persécution non seulement de lui-même, mais aussi d’autres chrétiens. Une Épître écrite juste avant son martyre, et juste avant une persécution générale de l’Église, trouverait certainement quelques difficultés dans la voie de sa diffusion rapide. La persécution pourrait exiger qu’elle soit cachée pendant un certain temps. Des années se sont peut-être écoulées avant qu’il ne puisse être sorti de son obscurité en toute sécurité. Je pense que nous pouvons facilement voir qu’il y a peut-être eu des raisons pour lesquelles cette Épître aurait dû entrer plus tard dans la circulation générale que n’importe laquelle des autres Épîtres du Nouveau Testament. Écrit loin à l’Est, sans courrier quotidien, sans train express, sans bureau de poste, sans presse, il fallait le transcrire mot à mot, un seul exemplaire à la fois. Il a fallu beaucoup de temps pour faire circuler les documents du Nouveau Testament à travers l’Église chrétienne. Pour faire connaître pleinement une Épître écrite à Babylone dans la Rome occidentale, il a peut-être fallu toute une génération, et la persécution qui s’ensuivit a peut-être empêché la multiplication des copies pendant un siècle.

Il y a quelques analogies curieuses dans les temps modernes qui peuvent jeter la lumière sur cette question. Certains se sont demandé s’il était possible que les Épîtres, cachées si longtemps, puissent enfin sortir à la lumière et ensuite être acceptées par toute l’Église chrétienne. Mais De Wette a trouvé, il n’y a pas soixante-quinze ans, un certain nombre de lettres importantes de Luther, le grand réformateur, que le monde n’avait jamais vues auparavant. Trois cents ans s’étaient écoulés depuis la mort de Luther. De Wette a sorti ces lettres et les a imprimées. Elles furent immédiatement acceptées comme de véritables lettres du réformateur, bien qu’elles fussent cachées depuis trois cents ans. John Milton a écrit un traité sur la doctrine chrétienne — un ouvrage important — mais il a fallu deux cents ans après la mort de John Milton avant que le monde ne connaisse son existence; alors seulement il a été imprimé et diffusé. Sir William Hamilton nous dit qu’il existe actuellement des traités importants de grands philosophes des XVIe et XVIIe siècles qui sont cachés et inconnus, non seulement du monde, mais même des biographes choisis de ces philosophes. Ou si l’on désire une illustration des temps anciens, nous l’avons dans le cas des œuvres ultérieures d’Aristote. Ces œuvres ont été perdues pendant cent cinquante ans après sa mort, mais elles ont été reconnues comme authentiques dès qu’elles ont été récupérées dans la cave de la famille de Nélée en Asie. Je pense donc que ce n’est pas sans parallèle ou analogie que cette Épître de l’apôtre Pierre aurait dû rester cachée pendant de nombreuses années, aurait dû ensuite être révélée et, finalement, à travers de nombreuses difficultés, aurait dû gagner la confiance de l’Église chrétienne.

Notre preuve de l’authenticité et de la valeur de l’Épître est en partie externe. Mais il existe une preuve interne tout aussi précieuse que l’externe. Par évidence interne, j’entends la valeur spirituelle de l’Épître elle-même, l’appel qu’elle fait à nos sympathies et affections chrétiennes, et le pouvoir qu’elle a de susciter, d’éveiller et d’avertir. Il y a un esprit dans les écrits sacrés qui est très différent de celui de la littérature profane. Prenez le premier chapitre de la Deuxième épître de Pierre et lisez-le; si vous êtes chrétien, vous sentirez que le Saint-Esprit vous fait appel à travers ce premier chapitre aussi clairement et indubitablement qu’il vous fait appel à travers tout autre chapitre du Nouveau Testament. Il y a ici une puissance, une élévation, une illumination, qui sont manifestement l’œuvre de l’Esprit de Dieu ; et je confesse que, pour ma part, je devrais beaucoup ressentir la perte de la Deuxième Épître de Pierre, si elle devait nous être retirée. Je ne pense pas que la question de savoir si la Deuxième Épître de Pierre est authentique ou non soit celle sur laquelle repose ou tombe tout le Nouveau Testament. Pourtant, je pense qu’il y avait une volonté divine guidant la formation du canon, et que l’Église était inspirée quant aux portions des anciens écrits à accepter. Je crois très fermement à l’inspiration et à l’authenticité de cette Deuxième Épître de Pierre, mais je ne la crois pas tant sur les preuves extérieures que sur les preuves internes, le pouvoir qu’elle a de toucher mon cœur et de me parler que par la voix même du Saint-Esprit.

Il a été dit que l’apôtre Paul est l’apôtre de la foi, que l’apôtre Jean est l’apôtre de l’amour et que l’apôtre Pierre est l’apôtre de l’espérance. Lisons ces Épîtres à la lumière de cette remarque générale. L’espoir est la chose la plus caractéristique à leur sujet. Vous ne pouvez pas lire ces deux Épîtres sans ressentir quelque chose de leur large et noble espoir.

Peter était un homme de tempérament sanguin; un homme qui trouvait facile à croire; et un homme qui, comme il croyait de tout cœur aux faits du christianisme, avait une foi des plus inébranlables dans le triomphe du christianisme. Lisez le premier chapitre de la Première épître de Pierre à la lumière de cette remarque. Vous remarquerez que Pierre fondait ses espoirs sur des faits historiques. Il nous ramène à la souffrance et à la résurrection du Seigneur Jésus-Christ ; puis il nous emmène vers l’avenir et la certitude que le Seigneur Jésus-Christ reviendra. Un jour est avec le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour. Il nous demande donc d’être purs, même au milieu des ténèbres et de la persécution, car le jour de l’Éternel approche.

Vous vous souvenez que Jésus a dit à Pierre de fortifier ses frères. L’obéissance à ce commandement a conduit à la rédaction de ces Première et Deuxième épîtres. Pierre fortifierait ses frères, pour qu’ils subissent les épreuves et les persécutions dont ils sont assaillis ici dans la vie présente, avec l’assurance qu’il leur est offert une couronne de gloire, incorruptible, non dénuée, et qui ne s’estompe pas. Il y a un esprit de joie, il y a un esprit de luminosité, un esprit d’espérance dans les Épîtres de Pierre, qui les différencie de toutes les autres Épîtres du Nouveau Testament. La propre âme de Pierre est pleine d’espoir, d’éclat et de joie, et il exprime cette nature la plus intime de la sienne dans la Première et la Deuxième Épître.