Joachim et Anne, Parents de la Bienheureuse Vierge Marie
Aujourd’hui marque la fête de Joachim et Anne, les parents de Marie et les grands-parents de Jésus. Ils n’apparaissent pas dans les Écritures canoniques, et faute de matériel source, des générations de chrétiens les ont cherchés en eux-mêmes. Au deuxième siècle, un récit de leur vie est apparu comme le Protévangelium apocryphe de Jacques, modelant leur histoire (et la naissance miraculeuse de leur fille) d’après d’autres récits de naissance bibliques, en particulier Jean-Baptiste, Isaac et Samuel. Le nom de la mère de Samuel, Hannah, était la forme originale du nom « Anne. »Comme ces familles d’il y a longtemps, le couple sans enfant Joachim et Anne ont pleuré leur solitude et ont la chance d’avoir un enfant dans leur vieillesse. Par gratitude, ils la consacrent au service de Dieu dans le temple, et elle continue à faire de grandes choses.
Nous lisons et écrivons des histoires pour nous comprendre autant que pour expliquer le passé ou documenter le présent. Les récits des parents de Marie et de son enfance miraculeuse en disent long sur les espoirs de la fin du IIe siècle, moins sur le 21e. Ce ne sont pas des écritures canoniques, et il y a probablement une raison à cela. Thomas d’Aquin les a appelés « ravins apocryphes. » Sheesh.
Alors qu’est-ce que la fête d’Anne et de Joachim pourrait avoir pour nous aujourd’hui?
Si j’avais une histoire à écrire sur les parents de Marie, elle comporterait moins de préoccupations quant à leur dévouement à la préservation de sa virginité (un thème important dans les premières représentations d’eux) et davantage sur les dons de bravoure et de force qu’elle a reçus d’eux. L’iconographie médiévale représente souvent Anne apprenant à lire à Marie. Si nous trouvons de grandes vérités dans les histoires, celle-là est celle que je veux. C’est totalement hors contexte pour la Marie historique, mais quand je pense à ce que signifie la lecture, j’adore ça.
Maître de Sir John Fastolf, Sainte Anne Enseignant à la Vierge à Lire, Domaine public via le Musée J. Paul Getty, Los Angeles.
Avoir les outils pour trouver un monde différent, pour repousser les limites de nos propres attentes, cela semble être un excellent moyen d’imaginer la relation de Marie avec ses parents. Et repousser les limites des attentes du monde était un outil dont Marie avait absolument besoin et, d’une manière ou d’une autre, pouvait faire appel.
L’écrivaine Jeanette Winterson dit à propos des livres : » Les livres, pour moi, sont une maison. Les livres ne font pas une maison — ils sont un, dans le sens où, comme vous le faites avec une porte, vous ouvrez un livre et vous entrez. À l’intérieur, il y a un autre type de temps et un autre type d’espace ” (Pourquoi être heureux quand vous pourriez être Normal, 2013, Grove Press).
Cette image de Joachim et Anne donnant à Marie les outils pour trouver d’autres mondes et une vérité nouvelle affirme mon sentiment de nostalgie pour mes propres enfants. Je veux qu’ils partent à la recherche d’eux-mêmes et du monde, trouvent l’autodétermination et apprennent à s’épanouir. Nous ne devrions pas tenir le silence obéissant si souvent attribué à Marie dans l’iconographie chrétienne contre elle (ou ses parents).
Marie a dit ”oui » à l’ange ; porter Jésus était un appel qu’elle a répondu pour elle-même. Joachim et Anne pouvaient être fiers du courage de leur fille. Pendant la Semaine Sainte, je me souviens toujours des paroles de Siméon lors de la Présentation à Luc: « une épée transpercera aussi votre propre âme. » Marie voit son fils souffrir et mourir; cette dure réalité est loin de ce que ses parents auraient pu souhaiter pour elle. Personne ne veut que quelqu’un soit transpercé par une épée, mais c’est bien pire de vivre une vie en les évitant.
Joachim et Anne auraient voulu que Marie soit forte et ils auraient voulu qu’elle soit aimante. Ce sont des espoirs plus profonds que huit vies passées à languir en sécurité. Alors que mes enfants me quittent et s’aventurent dans leur vie, je peux me consoler avec eux que d’autres se sont également assis à la fenêtre à regarder, se tordant les mains sur les genoux. Nous ne pouvons pas contrôler ce qui arrive à nos enfants, peu importe comment nous le souhaitons. Avec Joachim et Anne et beaucoup de belles histoires, je sais que la providence de Dieu les soutiendra.
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