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Étude De Cas: Comment une Vessie Distendue Peut Modifier L’État Mental

Mar. 28, 2016 / Neurosciences /Étude de cas

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Par Xavier Jimenez, MD, et Nicole Shirvani, MD

Le « syndrome cystocérébral” est reconnu comme une encéphalopathie résultant d’une distension de la vessie et réagissant rapidement à la décompression de la vessie. Le syndrome a été décrit pour la première fois il y a un quart de siècle chez trois hommes âgés présentant une rétention urinaire aiguë et un état mental altéré. Nous avons récemment publié un rapport sur un cas similaire, récapitulé ci-dessous, qui souligne les interactions potentielles dynamiques entre le cerveau et la vessie et s’aligne sur des preuves croissantes que les mécanismes sous-jacents au syndrome cystocérébral sont plus nuancés qu’on ne le croit classiquement.

Présentation du cas

Un homme de 79 ans souffrant d’hypertrophie bénigne sévère de la prostate (HBP) et d’hypertension a été admis à notre hôpital avec un état mental altéré. Il n’avait pas d’antécédents psychiatriques. Deux semaines plus tôt, un urogramme de tomodensitométrie avait montré une hydronéphrose bilatérale et une hypertrophie de la prostate, incitant son urologue à envisager une résection transurétrale de la prostate.

Selon sa femme, dans les jours précédant son admission, le patient a signalé une dysurie et une urine trouble et avait démontré un comportement de plus en plus agité et paranoïaque pendant plusieurs semaines. Ce comportement a culminé dans une fuite de sa maison après avoir déclaré que sa femme visait à l »engager dans le « réservoir ivre. »Il a rapidement été retrouvé et amené aux urgences dans un état agité.

Malgré des signes vitaux normaux, les études sérologiques ont montré une lésion rénale aiguë, avec des taux de créatinine cinq fois supérieurs à la valeur initiale sans urémie. L’analyse d’urine a suggéré une infection des voies urinaires (IVU), qui a ensuite été confirmée par culture.

Prise en charge et résolution

Un traitement antibiotique empirique de cinq jours a été commencé à l’URGENCE. La tomodensitométrie abdominale a montré une constipation et le cathétérisme de Foley a produit 1 100 mL de sortie. En quelques heures, on a observé que le patient était calme et qu’il n’avait besoin d’aucune intervention comportementale.

Il a été surveillé pour une récupération rénale pendant une semaine, et la psychiatrie a été consultée lors de la planification de la sortie. L’entrevue l’a révélé calme, coopératif et exempt de tout signe ou symptôme neuropsychiatrique focal. Il a dit que sa femme avait exagéré les événements des jours qui ont conduit à son admission, mais il a reconnu des comportements hypervigilants et un sentiment de peur pendant cette période.

Le patient a obtenu un score de 21 sur 30 à l’évaluation cognitive de Montréal, montrant des déficits de rappel retardé et de fonctionnement visuospatial, compatibles avec une déficience cognitive sous-jacente. On lui a diagnostiqué un délire résolu secondaire à une rétention urinaire.

Il y a plus dans l’image que les infections urinaires

Plusieurs facteurs dans ce cas (Figure) sont susceptibles d’avoir contribué à la psychose et à l’agitation paranoïaques du patient:

  • Rétention urinaire et constipation concomitantes médiées par l’HBP qui, ensemble, ont servi à provoquer une obstruction de la sortie de la vessie
  • Développement d’infections urinaires dans ce contexte de rétention urinaire aiguë, ce qui a probablement contribué à l’encéphalopathie
  • Déficience cognitive sous-jacente du patient, car cette déficience est significativement associée au risque d’altération de l’état mental
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Figure. Un modèle pathomécanistique du syndrome cystocérébral. Réimprimé de Shirvani et Jimenez, Journal de la Société américaine de gériatrie (2015;63:2645-2647).

Alors que les infections urinaires sont traditionnellement considérées comme une cause suffisante d’altération de l’état mental, une revue systématique de la littérature de 2014 a remis en question le rôle mécaniste des infections urinaires dans l’encéphalopathie. En effet, il est très douteux qu’une seule dose d’antibiotique ait pu résoudre aussi rapidement l’agitation de notre patient aux urgences, ce qui nous incite à considérer la désactivation sympathique atténuée par la vessie (obtenue par décompression mécanique dans ce cas) comme le mécanisme probable de récupération rapide. Un rôle pour l’interaction complémentaire cerveau-vessie par l’augmentation du tonus sympathique secondaire à la distension de la paroi de la vessie a été proposé pour la première fois en 1991 et a été renforcé par des études animales ultérieures.

Tenez compte de la connexion cerveau-vessie

Nous partageons ce cas pour sensibiliser davantage à l’interaction dynamique entre le cerveau et la vessie et rappeler à nos collègues que le syndrome cystocérébral, bien que rare, peut être facilement géré par une décompression rapide de la vessie sans nécessiter d’interventions psychiatriques.

Nous la partageons également pour renforcer le soutien pour les recherches futures sur l’activation sympathique médiée par la vessie et les phénomènes neuropsychiatriques connexes.

Le Dr Jimenez est médecin associé au Center for Behavioral Health de la Cleveland Clinic. Le Dr Shirvani est un résident en psychiatrie au département de psychiatrie et de psychologie de la Cleveland Clinic.

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